Histoire des Arts

 

 
 

 

Moscou au début du siècle

L'effervescence

Moscou est une ville fantasque, excessive, fière qui ne cesse de s'opposer à la retenue et au savoir-vivre occidental de Petrograd (Saint -Petersbourg aujourd'hui), l'autre métropole de la Russie. Les deux premières décennies du siècle sont en Russie une grande époque d'effervescence intellectuelle, d'inquiétude et de remise en question des valeurs qui se traduisent par une hardiesse de la réflexion et une extraordinaire richesse dans les réalisations artistiques et littéraires.

Les femmes, fait symptomatique, sont alors très actives et représentées sur la scène culturelle ; Gontcharova, Rosanova ou Popova par exemple côtoient et sont l'égale des artistes masculins d'alors.


 

Berta Rosanova dans Le Lac des cygnes (photomontage d'époque)
Liubov Popova
Portrait d'un Philosophe
(1
915)
Natalie Sergeevna Gontcharova,
Rayonisme, Forêt bleu-vert (1913 ; daté 1911).

L'année 1917 marque une réelle rupture dans le monde des arts plastiques et des arts appliqués, qui tendent d'ailleurs à se fondre avec le constructivisme et le productivisme. Tatline, Rodchenko, El Lissitzky, Exter, Stepanova et même les suprématistes comme Malévichtch et Klioune repensent les objets usuels = vêtements, services de table, meubles, etc.

Affiche du film Le Cuirassé Potemkine de S.M Eisenstein

 

La vie quotidienne

Avant 1917, Moscou est une ville ouvrière surpeuplée. Un travailleur, d'après les statistiques, ne disposait que de deux mètres carré d'espace et de trois mètres cube d'air. Une maison typique était habitée par plusieurs familles, elle était construite en bois, avec un rez-de-chaussée et un étage. Il n'y avait ni électricité ni canalisations ni égoûts.

La présence des forces de l'ordre et la surveillance obligatoire des concierges, choquante pour les Occidentaux, n'ont pas empêché le ferment politique et révolutionnaire, surtout dans le milieu académique, universitaire et scolaire. L'insurection armée de décembre 1905 fut réprimée dans un bain de sang, faisant environ 12 000 victimes parmi les Moscovites, surtout dans le quartier ouvrier de Presnia. Après la révolution de 1917, le siège de l'Internationale fut transféré à Moscou. L'événement fut célébré le 1er Mai 1919. A cette occasion, Tatline présenta la maquette de son monument à la IIIème Internationale, un des chefs d'oeuvre de l'art soviétique, synthèse des Arts et des Sciences.

Au début des années vingt, un citoyen pouvait disposer de huit mètres carré de surface habitable, les cartes de rationnement étaient distribuées aux seuls travailleurs munis d'un certificat de travail. La période 1917-1922 est désastreuse. Les hivers sont catastrophiquement rudes. La famine s'abat par deux fois sur la capitale en 1919 et 1920. La crise économique, les tensions internes sont très fortes. La mobilisation révolutionnaire passe alors par la célébration de grandes fêtes et cérémonies, dont l'arrangement plastique est confiée aux meilleurs artistes, notamment ceux de l'avant-garde. Cette situation exceptionnelle ne durera pas. En 1924, Lénine meurt, Staline prend le pouvoir et évince Trotsky. L'avant-garde artistique soviétique commencent à compter ses jours...

 

 

http://histoiredesarts.9online.fr (2003)

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