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Metropolis,
2026. A l'étage des hommes libres, Joh Fredersen règne
sur l'immense cité verticale, alors que le peuple misérable
de la ville souterraine s'épuise au travail sans voir la
lumière du jour. Son fils Freder tombe amoureux de Maria,
qui prône une révolte non violente des ouvriers.
Rotwang, un savant fou, construit un robot à l'image de
Maria pour semer la haine et la discorde...
Les
qualités plastiques du film n'ont pas pris une ride.
Les premières scènes d'exposition de la ville Metropolis
imbriquent plusieurs niveaux de sens que la narration seule ne
pourrait faire surgir. La lumière, de plus en plus blanche
au fur et à mesure que l'on s'élève dans
la cité, les points de vue adoptés par la caméra
dans la zone souterraine, toujours frontaux, masquant toute ligne
de fuite, avec des plans fermés, perpendiculaires au cadre,
et, au contraire, décentrés dans les jardins extérieurs,
ouvrant l'espace au hors champ de l'image, accentuent la ségrégation
sociale.
Les
références à Babel, omniprésentes,
apportent un contrepoids à cette organisation sociale qui
se justifie par la recherche d'une ville paradisiaque pour ses
enfants. La première apparition de Maria soulève
cette contradiction. Elle est entourée de gosses qu'on
empêche d'aller jouer dans le parc. Joh Fredersen, maître
de la ville, du haut de sa " Nouvelle tour de Babel ",
voudrait se mesurer à Dieu en maîtrisant les destins
des uns et des autres. Son meilleur ami, Rotwang, tente de recréer
une Maria bionique. La ville et ses dirigeants sont devenus orgueilleux.
La cité doit créer une nouvelle forme d'humanité
parfaite. Mais, sous prétexte d'apporter plus de bonheur
et de loisirs à ses concitoyens, elle les a en réalité
pliés sous son joug. Les exclus sont nombreux et sans amour.
L'exemple de Babylone n'effraie pas Fredersen, mais nous pressentons
que le destin de la ville ne peut être celui-là.
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