Histoire des Arts |
Flaine, une ville de loisirs d'après
Flaine, la modernité au service de l'or blanc
«Quel beau site, comment ne pas le gâter ? ». Tel fut, en 1959, le premier dessein de Marcel Breuer lors de son survol en hélicoptère de ce qui n'était encore qu'un grand champ de neige dans le massif alpin d'Arve Giffre. Découvert au cours d'une promenade en raquettes, le site de Flaine avait d'abord séduit René Martens et Gérard Chervas qui firent appel aux Boissonnas - et, par alliance, à la famille Schlumberger - pour financer leur projet de station. L'un des deux frères, Eric, un ingénieur, guide de haute montagne et voisin aux Etats-Unis de Philip Johnson et Marcel Breuer, fut immédiatement enthousiaste. De retour en France après quelques années passées outre-atlantique, il rêvait de villes nouvelles et d'importer en France la modernité américaine. Le site lui plut. D'autant que son éloignement des centre-villes historiques le libérait de toute contrainte architecturale. Pourtant, ses rapports avec Maurice Michaux, l'ingénieur de l'équipement qui régnait sur le plan « neige », n'auguraient pas d'un chantier serein : pour cet aménageur, Boissonnas était « un poète encombré de millions ». « Un musée à ciel ouvert » Il faut dire qu'il avait d'emblée exprimé ses ambitions : faire de Flaine une « aventure culturelle », un « musée à ciel ouvert ». S'il prit soin de s'entourer d'urbanistes et d'architectes français déjà familiers des grands travaux dans ces régions, comme Laurent Chapis et Denys Pradelle, ainsi que du « découvreur » du site, Gerard Chervas, il manifesta aussi sa volonté de rompre avec la pratique locale en faisant appel, à New York, au « dernier des modernes », Marcel Breuer, formé à l'école du Bauhaus.
Comme d'autres dites de la « troisième génération », Flaine est une station de ski intégrée : au sous-sol des parkings, en rez-de-chaussée, des boutiques, des restaurants, des boîtes de nuit, tout pour l'après-ski ; au-dessus, des appartements. La naissance des « pointes de diamant » Compte tenu de l'altitude de Flaine, entre 1 600 et 1 800 m, la préfabrication s'imposait. Et Marcel Breuer découvrit à cette occasion le procédé de Jean Barets qui donnait jusqu'à 50 cm de relief aux panneaux. Ainsi naquirent les « pointes de diamant » ou les façades « d'ombre et de lumière » sur lesquelles les rayons du soleil venaient se briser.
L'architecte avait trouvé là le moyen de rompre « l'horizontalité des lignes de niveaux auxquelles sont asservis les bâtiments, créations humaines, opposées aux reliefs chaotiques de la montagne ». Le béton, parfois imprimé de motif, est laissé brut pour rappeler l'environnement calcaire. Et la rigueur -ou faut-il dire austérité- de l'ensemble n'est adoucie que par de grandes oeuvres d'art moderne comme Le Boqueteau de Dubuffet en résine epoxy ou la Tête de femme de Picasso de 12 m de hauteur, réalisée en béton et nid d'abeille à partir d'une maquette exposée dans le musée de l'artiste à Paris. La station accueillit ses premiers skieurs en janvier 1969.
La station a été le lieu d'innovations successives •
un centre libéré des voitures, Le Centre Culturel de Flaine propose une documentation au format PDF, avec une liste non exhaustive des oeuvres visibles dans la station.
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