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La
Ville et les artistes
Quelques
repères historiques
1900
(autour)
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Eugène Atget, Paris, photographie
vers 1900.
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Emportant
avec eux des plaques de verres de plusieurs kilos ou des daguerréotypes
fragiles, les opérateurs, comme Atget ou Marville passent
systématiquement les moindres recoins de la capitale devant
leur objectifs.
Entre le reportage et l'émergence d'une nouvelle perception
du monde qui les entoure, ils sont les précurseurs d'une
photographie artistique autonome.
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1909
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Le
Manifeste futuriste publié à l'initiative
du poète Filipo Marinetti clame dans une ferveur dévastatrice
sa "passion de la ville" et du "dynamisme universel".
Il entend faire table rase du passé.
Le futurisme affirme la fusion de la poésie, de la littérature,
et de la peinture avec le rythme, la vitesse, le bruit et la mécanisation
de la ville.
Les
principaux peintres du mouvement sont Gino Severini, Carlo Carra
et Umberto Boccioni.
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Umberto Boccioni, La Ville qui monte, huile
sur toile, 1910.
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1919
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Fernand Léger, La Ville, huile sur
toile, 1919.
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Si
le mouvement cubiste semble plus préoccupé par l'univers
intimiste des natures mortes et des portraits, la ville n'est quand
même pas oubliée. Braque et Picasso peignent le Sacré-Coeur
dès 1910, et Fernand Léger
débute avec les Toits de Paris (1912) une thématique
urbaine qui ne cessera de revenir dans son oeuvre. |
1926
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La
fin des années vingt révèle une ville au
coeur de la création cinématographique mondiale.
Lang avec Métropolis (1926), Murnau avec l'Aurore
(1927), Vertov avec L'Homme à la caméra
(1929), Chaplin avec les Lumières de la ville (1931),
proposent quatre visions remarquables qui illustrent de façon
effrayante ou optimiste la place de l'homme dans la cité.
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Dziga Vertov, L'Homme à la caméra,
(1929).
Une journée d'une grande ville, de l'aube à la nuit.
Vertov utilise dans ce film des plans documentaires et divers
effets spéciaux ou truquages (surimpressions, ralentis,
accélérés etc.).
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1930
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Edward Hooper, Oiseaux de nuit, huile sur toile,
1942.
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Les
premiers peintres américains à s'affranchir
de la domination culturelle européenne s'inspirent
de la photographie. Edward Hooper, Charles Sheeler, Georgia
O Keefe (plus connue toutefois pour ses représentations
de fleurs) ont fait leurs armes au milieu des années
vingt. Quelques années plus tard, la lumière
urbaine signe leurs toiles d'une empreinte singulière
outre-Atlantique.
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1940
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Robert Doisneau, Brassaï, Willy Ronis, Edouard Boubat arpentent
les rues de Paris et de la Banlieue, tandis qu'Henri Cartier Bresson
témoigne de la vie plus forte que la guerre dans les métropoles
mondiales de l'après-guerre. A l'époque d'un monde
qui se (re)construit toujours plus vite, ces photographes qui
marchent d'un pas lent révèlent une sociologie poétique
de notre monde urbain.
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Robert Doisneau, Square du Vert-Galant,
photographie,1950.
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1950-54
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Chapelle Romchamp, Le Corbusier
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L'Église catholique française après la Deuxième
Guerre mondiale souhaite reconstruire et rénover ses bâtiments.
Elle fait appel à différents artistes renommés,
quelles que soient d'ailleurs leur conviction religieuse. Certains
sont catholiques, d'autres juifs, d'autres agnostiques. Marc Chagall
et Fernand Léger sont invités par la Commission
d'art sacré à rénover la Chapelle d'Assy
avec leurs peintures, Henri Matisse, est lui aussi sollicité
pour la Chapelle de Vence. Pendant la guerre, l'artillerie allemande
a détruit la Chapelle de Ronchamp, dont la reconstruction
est confiée à Le Corbusier.
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1960
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La
"Déclaration constitutive du Nouveau Réalisme"
sera signée par Arman, François Dufrêne, Raymond
Hains, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Jacques
de la Villéglé et Yves Klein dans l'atelier de ce
dernier le 27 octobre 1960, sous les auspices du critique d'art
Pierre Restany.
César, Mimmo Rotella, Niki de Saint-Phalle et Gérard
Deschamps rejoindront le mouvement en 1961, Christo en 1963. Les
protagonistes prendront position pour un art en prise directe
avec le réel, opposé au lyrisme de la peinture abstraite
de cette époque. Par leurs interventions dans la ville,
ils sortent entre autres choses l'oeuvre du contexte institutionnel.
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Jacques de La Villeglé,
Boulevard de la Chapelle, Peinture (Scène extérieure),
Affiches lacérées marouflées sur toile
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1981
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Basquiat,
Molasses, 1983
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Au
début des années 80, l'activité souterraine
des graffiteurs qui tient presque de la performance, fait irruption
dans le monde artistique. L'exposition New York, New Wave
organisée en 1981 par Diego Cortez dans l'espace alternatif
de PS1 en est la première manifestation publique. Transférés
sur toile, les graffitis sont à vendre. Jean-Michel Basquiat,
Keith Haring deviennent les coqueluches du marché. En France,
les artistes n'ont qu'un succès local, mais bénéficient
du dynamisme créé. Miss Tic, Speedy Graffito arpentent
les rue de Paris et déclinent leurs pochoirs un peu partout. |
1988
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Ernest
Pignon-Ernest parcours les rues de Naples en Italie et recouvre
les murs de dessins taille réelle.
" J'ai tendance à penser que Naples, les Napolitains,
leur mode de vie, leur organisation, leur philosophie, constituent
une espèce de conservatoire vivant des valeurs de notre
culture humaniste, la dernière tribu d'irréductibles,
disait Pasolini, inflexible face au rouleau compresseur du système
anglo-saxon, médiatique et libéral. La mort, ses
représentations et les rites qu'elle suscite depuis le
fond des temps se rencontrent à chaque pas dans les rues...
Je suis allé là-bas pour interroger notre culture.
"
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Ernest Pignon-Ernest, Naples |
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